Alors que Bonaparte avait entamé en 1798 sa campagne d’Egypte en tant que Général avec optimisme et détermination, son retour d’expédition en 1801 est entaché de plusieurs échecs. Très loin de sa campagne d’Italie qui avait fait sa renommée, son périple égyptien n’a pas rempli les objectifs fixés par le directoire.
Si la bataille des Pyramides de début de campagne s’ajoute à l’arc propagandiste du bonapartisme, le futur empereur gardera un mauvais souvenir de sa venue de ce côté de la méditerranée. Et connaissant son caractère, on évitera par tous les moyens de lui rappeler cet épisode désagréable…
C’est en 1800 que Talleyrand fait sien le château de Valençay avec l’aide financière de Bonaparte. Cette propriété de l’Indre qui s’étend sur environ 200km donne encore un peu plus de prestige à celui qui deviendra bientôt ministre des relations extérieures.
L’histoire raconte qu’après l’un de ses séjours dans son château, Talleyrand voulut ramener l’une des spécialités de sa région d’adoption. Quoi de mieux que ce fromage de chèvre à croûte grise qui faisait la fierté de Valençay et de ces alentours. Seul défaut, une forme pyramidale rappelant une campagne peu glorieuse venue souiller le CV de l’Empereur. « Décapitez-moi ces pyramides ! » , c’est plus ou moins ce qu’a dû dire Talleyrand avant d’emmener ses victuailles. Sans le savoir, il signait le geste inaugural d’un fromage de légende.
Si d’autres histoires font concurrence à celle racontée ici, les historiens s’étant penchés sur la question la considèrent comme vraisemblable. Depuis, le Valençay a conservé cette forme et s’est même largement répandu. Fabriqué dans les départements de l’Indre, du Cher, de l’Indre-et-Loire et du Loire-et-Cher, le Valençay compte dorénavant parmi les classiques des fromageries françaises.
Devenu AOC en 1998 puis AOP en 2004, il s’agit d’un fromage onctueux au goût caprin en début d’affinage, puis plus ferme avec des notes de sous-bois sitôt qu’on le laisse vieillir.
Certaines personnes sont tellement passionnées par les étiquettes de fromages qu'elles les collectionnent ! On les appelle les tyrosémiophiles.